- haquenée
- Haquenée, ou comme aucuns l'escrivent Hacquenée, f. penac. Combien que ce soit un vocable de terminaison feminine, si est-il de commun genre, et se prend proprement pour un cheval ou jument allant les ambles, c'est à dire le pas hasté, et entresuyvi de vitesse (à la difference du pas commun, selon lequel un cheval est appelé cheval de pas, et non haquenée) car un mulet ou mule, asne ou asnesse quoy qu'ils amblent, ne sont pas pourtant appelez haquenées. Le castillan dit bien Haca par aspiration forte, et l'Aragonois Faca, pour un petit cheval, que les Latins appellent Mannus ou Mannulus, Aussi les haquenées sont de petite taille communéement, mais par ce mot Haca, Ils n'entendent pas un cheval d'ambles, car pour un cheval amblant, selon le mot François ils disent Hacanea, qu'Antoine de Lebrixe rend en Latin assez inconsideréement par Equus Britannicus, Parce ce croy-je, que et en la grande et en la petite Bretagne y a grande quantité de Haquenées. Mais il y a maints trotiers aussi. Les autres le rendent par ce mot Asturco, meuz de ce que Pline escrit livre 8. chap. 42. disant, En icelle Espagne est une nation appelée Galliciene et Asturiene, où il vient une espece de chevaux par nous nommez Thieldons, desquels sont engendrez les Astureons chevaux de petite taille, l'allure desquels n'est pas commune, ains doulce et aisée, par l'assemblage qu'ils font alternativement des pieds de derriere en marchant, dont a esté prinse la maistrise de faire prendre les ambles aux chevaux, Equus tollutarius. Autres le rendent par Sonipes, autres par Gradarius equus, Et semble que ce mot haquenée soit fait du son que demenent les pieds de la beste qui amble, tout ainsi que trot et trotier, et galop, du son que demenent les pieds de la beste qui trotte et galoppe, voyez Amble.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.